Tous bisexuels

28 février 2012

Oui. Je crois, profondément, que tous les êtres humains sont bisexuels.

Nous le sommes d'abord dans l'enfance et dans l'adolescence... Généralement, ces pulsions sont considérées comme une sexualité larvaire : on prétend que l'être humain se "cherche".

Et s'il n'était pas en train de se chercher ? Et s'il n'était qu'enfermé dans un carcan tout au long de son existence, par un infernal et titanesque conditionnement social ?

N'avez-vous pas lu tous ces propos "d'hétérosexuels" se lamentant de se sentir attirés par leur sexe, ou "d'homosexuels" sensiblement dans le même cas, offrant le spectacle miroir ?
N'avez-vous jamais entendu des personnes de la "génération précédente" (les cinquantenaires, à mon échelle) réfléchir à la sexualité et se souvenir d'expériences passées, de désirs particuliers, et effleurer le sentiment d'un regret ténu, quasi inaccessible ? À une époque où il était inimaginable de pouvoir désirer et les hommes et les femmes ?

L'hétérosexualité et l'homosexualité sont pour moi, à la base, des préférences. On peut préférer un sexe ou le sexe opposé, être sexuellement plus excité, sentimentalement plus stimulé, par une catégorie que par l'autre. Mais cela justifie-t-il un cloisonnement dans une attirance plutôt que dans une autre ?
N'est-ce pas, comme l'identité des sexes, un simple moyen de se rassurer, de rattacher son identité à des bases que l'on croit fermes ("Je suis une femme, je suis hétéro, j'ai tel métier, j'habite dans tel pays") alors qu'elles ne sont que poussière stérile ?

Si ce n'est pas une simple volonté de se conforter, non, de se conformer à certains schémas, comment expliquer que tant de personnes se définissent fermement par leur orientation sexuelle ? Comment expliquer qu'elles en font l'un des axes de leur vie (c'est avant tout visible chez les homos, oui, avec la "fierté gay", mais chez les hétéros, c'est présent en filigrane) ? N'est-ce pas une simple question de goûts ou d'appétits ?

Va-t-on brandir en étendard que l'on aime le chocolat ou que l'on préfère le fromage ?
Va-t-on clamer haut et fort que l'on s'habille en bleu, et que jamais l'on ne portera de rouge ?
Non, bien sûr.
Alors pourquoi tant d'acharnement, de revendication de son orientation sexuelle ? Pourquoi, sinon en raison d'une recherche désespérée de fondations solides pour l'identité ?

Et pourquoi ne pas expérimenter ? Pourquoi tant d'hétéros jugent-ils inimaginables d'essayer avec leur sexe ? Ils sont nombreux ces témoignages sur RMC d'hommes à la recherche du plaisir anal mais qui refusent de croire qu'ils ont un miligramme d'homosexualité dans leur personnalité... "oui, j'aime le doigt dans les fesses...Non, non, je suis pas un pédé..." Oui et alors, on s'en fiche. Et les homos ? Pourquoi sont-ils si révulsés à l'idée d'effleurer le sexe opposé ?

Pourquoi tant de carcans, de retenue, de stéréotypes et de limites ?

Je ne me définis pas par le fait de désirer entre mes draps des hommes ou des femmes. Je suis bisexuelle, mais en réalité, je n'apprécie que modérément d'être désignée comme telle. Parce que c'est déjà me faire entrer dans une catégorie, alors qu'il me semble que si une chose peut se passer d'étiquettes, c'est bien les arts du lit.

Sur ce, bonne soirée Messieurs et Dames....

Aimez qui vous voulez dans vos draps. Ce n'est pas moi qui m'en offusquerait.

Posté par Ambre-et-lumiere à 15:46 - Commentaires […] - Permalien [#]